FISHER, Pigou, DICHOTOMIE Et DON PATINKIN

 

§1. La formule de Fisher.

Il s’intéresse au volume de transaction que les unités de masse monétaire en circulation peuvent effectuer. Soit n bien Xi et leur prix Pi, alors la valeur des transactions peut s'écrire E1->n(PiXi) [Somme de 1 à n de (PiXi)]. La quantité de monnaie qui a été usée pour ces échanges, c'est à dire pour E1->n(PiXi) a circulé plusieurs fois. On appelle V le nombre moyen de transaction qu'effectue chaque unité monétaire (M). Cette vitesse de circulation est appelée: la vitesse de transaction de la monnaie.

A partir de là, on peut écrire: M*V= E1->n(PiXi) = MV. Soit T la transaction et P le prix, MV = PT.

Si M est un stock et que T est un flux, cette relation est une relation technique qui décrit la capacité de transaction de la monnaie et à partir de cette relation, les auteurs classiques expliquent la formulation des prix. Cette théorie repose sur des hypothèses:

T, le volume de transaction est exogène et donné, c'est la quantité de biens qui existent dans la période et qui s'échange contre de la monnaie. T ne pourra être influencé par une variable M.

V, la vitesse monétaire de la monnaie, elle est donnée. On suppose que les usages commerciaux en matière de paiement font qu'une quantité de monnaie donnée exécute V paiement avant le cours de la période. V est supposé constant et traduit l'évolution du système monétaire.

M, la quantité monétaire de monnaie qui existe à un moment donné dans une économie. Cette quantité ne dépend pas, dans cette théorie, des besoins de l'économie. M est modifié par des entrées et sorties d'or et de devises, par les variations de l'endettement de l’état, par les interventions de la banque centrale.

L'économie s'adapte à la quantité de monnaie en circulation et pas inversement. Il y a une seule variable endogène expliquée par l'équation: c'est le niveau des prix. La théorie quantitative explique la détermination du prix de T (la transaction) par M la quantité de monnaie. Si M augmente alors plus de transactions peuvent être réalisées et MV augmente.

L'équilibre de l'offre et de la demande en terme monétaire impose une augmentation des prix. Cette version initiale de théorie quantitative n'explique pas le mécanisme de la hausse des prix. Elle ne justifie pas la constance de la vitesse de circulation. Pourquoi cette vitesse de circulation ne changerait-elle pas quand la quantité de monnaie varie?

§2. La formulation de Pigou.

Chez Pigou, la demande de monnaie est proportionnelle au niveau des dépenses. Le niveau des dépenses qui lui-même est déterminé par le revenu et Pigou a transformé l'équation de Fisher.

Soit
y:            le revenu réel
Y:            le revenu nominal = y * niveau des prix.
K= 1/V (vitesse de circulation).

L'équation de Fisher: MV = py.
L'équation de Pigou:              M/P=1/V*y= M en terme d'achat
  
                                           P = K y = encaisse réelle.

L'encaisse réelle devient une fonction du revenu réel et ceci donne un contenu économique précis à la relation quantitative. Cet effet d'encaisse réel ou d'effet Pigou-Wicksell désigne le comportement des agents qui n'est pas victime d'illusion. M veut dire qu'ils ne fondent pas leur demande de biens et services sur les variables réelles de l'économie. La variation des encaisses ne modifie pas la structure de demande, mais elle provoque l'utilisation de ces liquidités excédentaires d'une façon équiproportionnelle entre tous les biens échangés. Le prix réel, c'est à dire le prix relatif n'a pas varié. Seuls les prix monétaires ont augmenté.

Supposons que tous les prix augmentent alors que M, quantité de monnaie ne varie pas. Alors les agents observent une perle de pouvoir d'achat de leur encaisse réelle. Ils rétablissent alors la valeur de leur encaisse réelle (M/P) en réduisant leur consommation et tous les prix diminuent. En caisse réelle revient à son niveau antérieur et les agents ont substitué la monnaie aux biens. Dans le cas inverse, celui d'une offre d'encaisse nominale, les agents substituent des biens à la monnaie. Une variation de prix sans création de masse monétaire n'est pas possible.

§3. La dichotomie.

La tradition classique repose sur un certain nombre de postulats. En matière monétaire, la théorie classique est la théorie quantitative et son postulat c'est la dichotomie qui s'exprime ainsi: la formation des prix relatifs, c'est à dire réels, sur le marché des biens est indépendant de la monnaie. Sur le marché de la monnaie, c'est le niveau général des prix qui est déterminé par le prix réels relatifs sont déterminés dans le secteur réel indépendamment de la monnaie. Il y a donc un équilibre réel qui se détermine de façon indépendante.

Quand on exprime l'offre et la demande de différents biens, l'offre traduit le coût de production croissant du bien considéré exprimé en terme des autres biens et la demande traduit pour sa part l'utilité marginale décroissante du bien considéré par rapport à celle des autres biens. La théorie de la valeur, ce n'est pas celle des prix monétaires, c'est celle des prix réels.

Le prix de la demande, par contre, est déterminé par la rencontre entre l'offre exogène de monnaie et la demande de monnaie qui est proportionnelle au niveau des transactions. Une dichotomie s'exprime dans la loi de J.B. Say:

Somme de 1 à n de PiXi(D) = Somme de 1 à n de PiXi(S)

Demande des différents biens en quantités et en prix; avec S correspondant à la somme des offres.

La loi de Say dit que l'offre totale est égale à la demande totale. Globalement, la demande est toujours égale à l'offre parce que l'offre est toujours une offre contre d'autres biens. La monnaie n'est pas un but ultime de l'échange. Elle n'en est que l'intermédiaire. Et Say met ainsi en évidence l'interdépendance des marchés. S'il y a deux biens A et B offerts par deux agents, le marché de A et de B ne peuvent pas être indépendant.

Pour vendre ces productions, le producteur du bien A doit acheter un bien B et réciproquement. Ceci implique également que l'équilibre des deux marchés est conjoint. L'équilibre se réalise par le prix relatif de A en B et B en A qui sont le même prix. S'il y a "n" B offerts, il donne naissance à des demandes équivalentes sur les mêmes marchés. L'équilibre sera obtenu grâce au prix relatif.

Les demandes sur les "n" marchés ne sont pas affectées par la seule variation du niveau des coûts équivalant à un postulat d’homogénéité. Si le niveau des prix se modifie sans que les prix relatifs aient eux-mêmes variés alors les demandes ne changent pas.

§4. La technique de Don Patinkin.

Il a résumé les propositions classiques
* La 1ère proposition est l'équilibre du marché des biens qui s'établit indépendamment des variables monétaires. 
* La deuxième proposition est la seule variation des prix qui suffit à réaliser l'équilibre sur le marché monétaire. Ces deux propositions correspondent à la dichotomie.
* La troisième proposition est que tout excès de demande sur le marché des biens correspond à un excès d'offre sur le marché monétaire.
* La quatrième de proposition est l'équilibre sur le marché des biens correspondant à l'équilibre sur le marché de la monnaie, c'est à dire à l'équilibre général. Il n'y a alors pas de demande excédentaire de biens, ni d'offre excédentaire de la monnaie et le prix de la monnaie est indifférent.
* La cinquième proposition est que toute variation de monnaie entraîne un excès d'offre de monnaie (avec effet d'encaisse réelle) qui élève les prix proportionnellement à al variation de monnaie et cela jusqu'à ce que le niveau des encaisse réelle soit amené au niveau initial.

Le problème, c'est que les propositions 4 et 5 sont contradictoires. La proposition 4 nous dit que le prix est indifférent. L'équilibre réel entraîne l'équilibre monétaire. La proposition 5 nous dit que le prix de la monnaie est unique. Il n'y a qu'une seule valeur de prix. La prise en compte de 'encaisse réelle entraîne la remise en cause de la dichotomie.