LA PRESSE DU SECOND EMPIRE

1852-1860 : La déchéance de la presse

2 décrets importants sont publiés peu avant le rétablissement de l'empire. Le décret du 31.12.1851 défère aux tribunaux de polices correctionnels tous les délits de presse. Celui du 17.02.1852 organise l'exercice de la presse comme suit

·         autorisation du gouvernement pour la création, changement de personne,

  • impôt: timbre,
  • les journaux non politiques ne peuvent publier d'articles politiques, sociaux ou économiques.

De plus,

  • interdiction de rendre compte des séances des deux assemblées sauf si c'est le compte rendu des secrétaires des assemblées.
  • interdiction de donner un compte rendu sur les affaires civiles, criminelles ou correctionnelles,
  • les journaux doivent inscrire gratuitement tous les communiqués qui proviennent de l'état,
  • le gouvernement peut donner des avertissements aux journaux qui seront suspendus ou supprimés au bout de deux.

Dès lors on constate une application sévère de ces dispositions sauf pour quelques journalistes. 2 conséquences :

1. Certains journaux s'expriment:

L'ASSEMBLEE NATIONALE, en octobre 1852, écrit que "la loi ne laisse plus la possibilité de tout dire, mais ne condamne pas au silence en ce qui concerne la religion, l'histoire, les pouvoirs publics, la politique générale. La différence des principes se traduit encore par des appréciations et des langages divers".

2. Le journalisme devient un art subtil: les critiques détournées par rapport à des sujets économiques se mettent en place tels la révolution industrielle, la politique étrangère, et les analyses historiques. Paradol en 1853 écrit: "vive l'oppression pour donner toutes ses ressources à la pensée".

Les différents courants de pensées sont les suivants :

  • Une presse impérialiste apparaît: la presse gouvernementale : avec LE CONSTITUTIONNEL ou LE MONITEUR. Ce dernier  veut s'associer avec les grands noms de la littérature, il veut un gouvernement efficace et réaliste pour réagir contre les tendances orléanistes.
  • Une presse catholique: proche de l'église car elle s'est ralliée à l'Empire. L'UNIVERS: défend les valeurs de la famille, symbolise pour l'opinion publique le catholicisme romain, pour le libéralisme religieux.
  • Une presse légitimiste: regrette le passé, défend certains principes comme le catholicisme, par tradition monarchique anglophone. L'UNION, LA GAZETTE DE FRANCE, L'ASSEMBLEE NATIONALE
  • Une presse orléaniste: LE JOURNAL DES DEBATS: peu radical, mais avec une attitude réservée, conception libérale attachée au régime parlementaire.
  • Une presse républicaine: LA PRESSE: s'intéresse au monde des affaire, presse collaboratrice qui connaît une baisse de son tirage. 

On constate un renouveau de la presse politique (réveil de l'opposition), non politique (philo, spectable, presse féminine), économique et financière

1860-1870: Seconde période de l'empire

C’est la libéralisation du régime répressif de Louis Napoléon Bonaparte. L'article du Décret de 1852, qui supprime de plein droit un journal qui a eu deux condamnations en 2 ans, est annulé. Même si l'empereur a une volonté de condamner la presse qui va contre la loi, se développe une presse d'opposition:

  • la presse légitimiste: avec une reconquête des catho surtout dans les provinces: JOURNAL DE RENNES: combat le gouvernement impérial.
  • La presse libérale: rappelle les écueils du 1er Empire.

Ainsi la presse devient une force politique. En effet, dans les années 1860, il n’y a pas de parti politique ni de droit de réunion. La presse s'intéresse:

  • aux questions politiques: le résultat des élections législatives de 1863 dépend de la presse.
  • aux questions diplomatiques: guerre de sécession au E.U., excursion française au Mexique,
  • au nationalisme: mouvement d'indépendance ou d'unité,
  • aux questions religieuses
  • à l'Algérie: REVUE DE PARIS: l'empire doit s'occuper de ses colonies.
  • à la montée des parties socialistes: COURIER DES FRANCAIS, PRESSE DES DEUX MONDES.

La presse va s'émanciper et s'intéresser à la question de la guerre pour remettre en cause le régime impérial. La défaite de Sedan emporte le IIe Empire.

La défaite de 1870: Les journaux à l'ennemi!

C’est la chute de l'empire. En province, la presse conservatrice est menacée. A paris, c’est le développement de la presse révolutionnaire, qui prend la forme de LA COMMUNE. La Révolte à Paris qui éclate le 18.03.1871, entraîne un mouvement de contestation encouragé par les différents journaux tels LA PATRIE ("Vive la Commune). On remet en cause le régime politique de 1868.

LA COMMUNE s'exprime dans une presse passionnée qui s'attaque à tous les opposants. Elle est pour le retour à l'anticléricalisme, et le développement d'une presse opposée à la Commune avec par exemple L’AVENIR NATIONAL qui condamne la Commune et porte un coup mortel à la République.

Nous ne sommes pas dans une période de liberté de la presse, car on voit même l’interdiction de certains journaux bonapartistes: LE JOURNAL DES DEBATS, et LE CONSTITUTIONNEL. La répression violente s'exprime par les armes.