LA PRESSE SOUS LA REVOLUTION ET L'EMPIRE

La presse subit un changement au moment de la révolution suite à la réclamation de sa liberté. La Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789 énonçait que "la libre communication de la pensée et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme. Tout citoyen peut donc écrire, parler, imprimer librement sauf à réponde de l'abus de cette liberté dans les cas déterminé par la loi". Ainsi, entre 1789 et 1800, on constata la parution de près de 1300 titres nouveaux.

VERS LA LIBERTE DE LA PRESSE: été 1788-été 1789.

La réunion des états généraux entraîne la multiplication de brochures et feuilles qui vont influencer les doléances.  Dès juin 1789, écroulement du système du contrôle de la presse. Brissot énonça que: "le journal politique est l'unique moyen d'instruction d'une nationalité nombreuse, peu accoutumée à lire, mais qui sans celui ci, serait toujours à l'esclavage".

LA LIBERTE ILLIMITEE DE LA PRESSE: été 1789-été 1792

Beaucoup de feuilles à formes variées, pamphlets rédigés par un seul homme, quotidien d'info, journaux sur les débats parlementaires. Il existe 3 sortes de presses: info plus ou moins quotidienne, révolutionnaire et contre révolutionnaire. 

1. La presse d'information. 

LE MONITEUR UNIVERSEL: créé par Panckoucke, il décrit les débats parlementaires, événements de Paris, province, politique étrangère car il a obtenu une TRIBUNE DE PRESSE. Sa parution quotidienne dispose d’une influence importante de par son caractère sérieux. Malgré son apparente objectivité, il influence les lecteurs car il met en évidence certains arguments et certaines informations politiques critiquables. Les idées principales des rédactions sont l’acceptation de la constitution de 1791 et le refus du retour à l'ancien régime. Il est plus favorable à la bourgeoisie qu'à la République. On trouve également: GAZETTE (NATIONALE) FRANCAISE, JOURNAL DE PARIS, JOURNAL DES DEBATS.

2. La presse révolutionnaire.  

modérée:

LE COURIER DE PROVENCE, journal de Mirabeau. Il dispose d’une conception modérée dans le sens de la révolution, conception philosophique qui s'adapte à l'idée du siècle des lumières. De 1782 à 1787, l'échec des révoltes de Genève basées sur la conception du droit naturel, de l'homme et de la tolérance, va l'amener travailler à la préparation du préambule de la D.D.H.C. En 1789, remet pas en cause la royauté, mais l'absolutisme avec l'abolition des privilèges, sous condition d’indemnisation. 
LE PATRIOTE FRANCAIS, journal de Brissot. Il a une tendance modérée et patriotique du « citoyen simple austère épris de liberté ». Il s'attaque à toutes formes de despotisme, titres de noblesse, bourgeoisie. Il défend la liberté de la presse et lutte contre Desmoulins et Marat. Il Se prononce pour la Guerre en 1791 contre les Européens qui veulent rétablir une monarchie en France. 

d'extrême gauche

REVOLUTIONS DE PARIS, journal de Prud'hommes. Il défend la doctrine de la démocratie directe: référendum, égalité des droits. Il est méfiant à l'égard du culte de la personne par rapport à certains grands révolutionnaire tels La Fayette ou Robespierre. Il s'intéresse à la province et défend idées nouvelles.
REVOLUTIONS DE FRANCE ET DE BRABANT, journal de Camille desmoulins. Il considère que les journalistes ont un vrai ministère public: " les journalistes dénoncent, décrètent, règlent, absolvent et condamnent tous les jours, montent à la tribune....". Il attaque violemment la monarchie et ses oppositions car favorable à la République.
LE PERE DUCHESNE. Journal caricatural et grossier qui est contre l'aristocratie, la royauté, le Pape. Ces principales revendications font suite aux massacres des prêtres de la Prison de Paris en 1792. Il veut un gouvernement qui défend le faible et non ses affaires personnelles. Il hait les étrangers et tout ce qui se lève contre la révolution.
LE DEFENSEUR DE LA CONSTITUTION, journal de Robespierre. L’idée principale est celle de la pensée de Rousseau. Il est favorable à la multiplication de propriétaire où chaque citoyen serait un petit propriétaire. Il représente une crainte face à l'ambition des généraux. Il a soif de pouvoir. 

3. La presse contre-révolutionnaire.  

modérée:

LA GAZETTE: elle relate les acte du gouvernement, silence sur les événements révolutionnaires, et se dit neutre.
LE MERCURE DE FRANCE, reconnaît la Liberté de presse, déplore les excès révolutionnaires, favorable à la Monarchie constitutionnelle et a incité la fuite à Varennes.

d'extrême droite

LE PETIT GAUTHIER contre les jacobins.
L’ACTE DES APOTRES, journal de Rivarol qui considère que Louis XVI et responsable de son malheur. Il a une théorie politique de la contre révolution. En effet, il aurait voulu que Louis XVI la fasse sans consultation des Etats Généraux car il y avait bien nécessité de réformer l'Ancien Régime
L'AMI DU ROI, journal de l'Abbe Royon, ultraroyaliste, accusé en 1792 par l'Assemblée Législative d'abus de Liberté de presse et traduit devant la Haute Cour sous l'inculpation d'attentat contre la Sûreté Générale de l’Etat et de la Constitution

LA PRESSE sous la Convention et le Directoire: sept 1792- novembre 1799.

Dès août 1792, on a pu voir la suppression du respect de la liberté de la presse due à une augmentation de la conception que la monarchie absolue n'est pas tyrannique. Ceci a entraîné la suppression de la presse royaliste, des feuilles Girondines et Camille Desmoulins considéré comme trop modéré. Cette période dure jusqu'à 1794 et la chute de Robespierre. Selon la "lois des suspects": tout ce qui n'est pas favorable au comité de salut public disparaît. A la mort de Robespierre, on a pu voir le retour des modérés et des anarchistes qui veulent la République. La presse devient alors un instrument nécessaire et indépendant. Ainsi,  réapparu les journaux royalistes et jacobins qui profitent de la faiblesse du pouvoir. Les membres du Directoire vont tenter pour se défendre d'obtenir une censure, et de poursuivre des journalistes mais en vain.

ASSERVISSEMENT DE LA PRESSE, PROPOGANDE DE LA POLITIQUE NAPOLEONIENNE: 1800-1812

Déjà sous le Directoire, Napoléon Bonaparte veut briser la Liberté de la presse car il estime que c'est un facteur de trouble. En 1802, il indique que "la Liberté de la presse rétablirait bien vite l'anarchie dans un pays où tous les éléments en sont encore existants". Il a une autre conception sur la presse et la politique: « la Liberté de la presse se conçoit car elle exprime l'opinion de tous, mais il n'est pas nécessaire de créer un trouble d'où une nécessité de la contrôler. » La presse devient pour lui un instrument de pouvoir. Il supprime la quasi totalité des journaux pour n’en laisser que 13 qui sont contrôler par la police générale qui relève de l'autorité publique de manière absolue. On voit apparaître le développement de la censure d'humeur: on ne doit pas parler du mouvement des armées, des nouvelles communes, des affaires religieuses, des suicides... Les journaux perdent leurs lecteurs et c’est la mort de la presse provinciale.

A partir de mai 1805, on a constaté un durcissement de cette politique : JOURNAL DES DEBATS se voit soumettre un censeur d'office, payé par le journal pour contrôler les articles tels politique, la littérature dans le genre mauvais esprit. Cette mesure sera étendue par la suite à tous les autres journaux. En 1810, Napoléon crée la Direction Générale de L'imprimerie et de la Librairie. Elle contrôle toutes les personnes qui impriment et elle limite le nombre d'imprimeur. Par ailleurs, ces derniers doivent prêter serment de ne rien imprimer contre le souverain et l'état.

En décembre 1810, il n’autorise plus la publication que d'un journal par département, consacré uniquement à la littérature, aux arts et aux annonces immobilières. A paris il n'en reste que 4 dont le principal : LE MONITEUR, mais aussi LE JOURNAL DE PARIS, LA GAZETTE DE FRANCE, et  LE JOURNAL DE L'EMPIRE qui ne contiennent que des flatteries sur l'empereur. Ils ne peuvent rien imprimer sans autorisation préalable. En décembre 1811, la censure devient générale : confiscation de tout les journaux de Paris au profit de l'Etat, interdiction de publier des articles sur le ton de la morosité. Napoléon écrit lui même des articles en les signant d'un nom d'emprunt. Le seul point positif vient du développement des journaux de province qui se détachent du pouvoir central.