LE CLERGE

 

L’individu se défend par son appartenance à des groupes: société d’ordres et de classe. Chaque corps ayant ses hiérarchies, son statut juridique particulier. Depuis le Moyen Age, la société française est officiellement constituée selon l’idéologie des 3 ordres : le clergé, le Tiers-Etat, la noblesse.

I. La participation du clergé à l’administration publique.

Il y a depuis Clovis et surtout le sacre de Pépin le Bref une alliance très forte entre le pouvoir royal et l’Eglise qui se manifeste par un choix des membres du clergé parmi les conseillers les plus proches du roi, pour la fin de l’Ancien Régime tel que Richelieu, ministre de Louis XIII, cardinal de Fleury en 1746, puis remplacé par l’archevêque Loménie de Prienne qui a été le ministre des finances sous Louis XVI.

Cette administration publique va également dans les assemblées d’Etat, il y a à la fin de l’Ancien Régime une participation importante de l`Eglise dans l’administration. Beaucoup de régions ont conservé des états provinciaux comme la Bretagne ou le Languedoc qui ont le même type de structure que pour les Etats-Généraux. Il n’est pas rare qu’à la tête de ses assemblées d’état on trouve un ecclésiastique comme au Languedoc avec l’archevêque de Narbonne.

Dans chaque diocèse, l’évêque est à la fois un pasteur spirituel et une personne politique et sous sa direction le clergé est associée à la politique d’assistance, à l’enseignement, à l’organisation des hôpitaux et même la justice. Jusqu'à la fin de l’Ancien Régime, juridiction temporelle de l’évêque, chaque fois qu’il est resté le seigneur d’une cité épiscopale. Il n’est pas rare dans ces villes, que l’évêque désigne lui même, ou fasse diriger par un agent qu’il a nommé, la nomination des magistrats municipaux.

Les clercs sont appelés en dehors de leur fonction de culte à intervenir dans la vie du royaume. Les curés des paroisses sont chargés de diffuser les nouvelles dominicales ainsi qu'un certain nombres de recommandations faites par les intendants. Ils sont responsables des registres paroissiaux pour les actes de naissance, mariage ou décès. Ils peuvent pratiquer des monitoires qui invitent les paroissiens à indiquer à l’autorité judiciaire ce qu’ils savent de telles ou telles affaires en cours. Ils publient également des bans et en matière d’actes translatifs dans les régions d’appropriante par bannies qui constituent l’un des modes de la publication foncière sous l’Ancien Régime.

II.    L’organisation interne du clergé de France.

Parmi les trois ordres, le clergé a su s’organiser de manière à être représenté par un certain nombre d’organisations du pouvoir royal. Cette mise en place s’est faite dans un contexte historique particulier : celui du 16ème siècle: une ambiance de sécularisation des biens du clergé qui s’explique essentiellement par les guerres de religion car du côté protestant, les princes réformés ont de manière générale sécularisés les biens de l’Eglise et de manière autoritaire.

Du côté catholique, le pouvoir royal a demandé au clergé de faire des efforts financiers pour permettre au roi de lutter contre les protestants. Traditionnellement, les biens de l’Eglise ne sont pas soumis à la fiscalité. Il va y avoir des négociations entre le pouvoir royal et l’Eglise catholique à l’issue desquelles le clergé s’est engagé par contrat en 1561 à assurer au roi des revenus fiscaux supplémentaire par rapport à la décime. Il y a ce qu’on appelle les dons gratuits pour les revenus. Ce système, propre au clergé qui se distingue de la fiscalité. Le clergé contrôle lui même la levée des impôts. Ce qui est important est que pour discuter du montant de l’impôt avec le roi il faut mettre en place un mécanisme pour lever ce don gratuit, l’Eglise a crée des institutions particulières qu’on a appelé les assemblée du clergé qui se réuniront régulièrement tous les 5 ans avec des députés élus par le clergé.

Ces assemblées sont compétentes dans les questions de dons gratuits mais l’histoire a montré qu’elles ont discuté d’autres problèmes par la suite : toutes les affaires de l’Eglise concernant le domaine temporel et spirituel de l’église, c’est à dire un double intérêt de cette institution et une véritable structure de représentation pour le clergé lui même plus une véritable structure qui correspond à un intermédiaire entre le clergé et le pouvoir royal.

III.    L’amélioration de la formation et de la discipline du clergé.

Après la réforme protestante, s’est développé la réforme catholique dont le vecteur principal a été le concile de Trente, de la moitié du 16e, qui a entraîné une amélioration sensible du niveau du clergé, de sa structure et sa moralité. L’application des décisions catholiques a été très lente, mais continue durant la fin de l’Ancien Régime.

Il a fallu un siècle pour que les décisions arrêtées par conciles soit mises en application. Les grandes mesures de la moitié du 16e seront appliquées pour la France de manière nette à partir du règne personnel de Louis XIV, c’est à dire dès 1661. Ces principales décisions sont que la formation du clergé est plus soignée qu’auparavant. La durée des études est beaucoup plus longues.

Le but est d’éliminer tout ceux qui ne seraient pas de vocation sérieuse et qui auraient été à la recherche d’un état social et de bénéfices lucratifs. Localement, les évêques sont beaucoup plus exigeant, cela explique que dès le 16e  siècle, on constate une baisse des effectifs du clergé car de plus grandes qualités sont nécessaires.

Dans cette perspective sont mis en place les séminaires généraux dans les 20 dernières années du 16e. De plus, une obligation de résidence est faite à tous les membres du clergé dans la mesure où ils sont chargés d’armes qu’ils s’agissent des évêques, des curés, tous doivent résider dans le lieu où ils exercent leur ministère.

Tout au long de sa vie sacerdotale, la formation est continue par des conférences ecclésiastiques de théologie. De plus, à synodes diocésaines c’est à dire à date fixe pour une fête par exemple, l’évêque réunit autour de lui tous les prêtres de son diocèse, contrôle le niveau, répond aux questions posées pour améliorer le service diocésain. Les évêques reprennent l’habitude de promulguer. Les évêques y procèdent de manière régulière dans son diocèse.

Dans son ministère, le prêtre peut accorder une attention aux pauvres, aux affligés et aux malades. Chaque semaine, il doit consacrer du temps au catéchisme autant pour les enfants que pour les anciens. La nécessité de bien se faire comprendre par les paroissiens, notamment dans le prône et le sermon, est importante pour les ecclésiastiques.

IV.   Les lignes de fractures au sein du clergé.

1.     Le Haut et Bas clergé

Le clergé en tant qu’ordre est propriétaire de biens comme des immeubles, de la dîme qui est un impôt sur tous les revenus, de libéralités qui lui sont faites par les fidèles tels les legs des testaments, qui sont des actes de foi où le fidèle donne son âme à Dieu et ses biens au profit de l'Eglise. La totalité représente environ 3 milliards de livres à la fin de l’Ancien Régime. La fortune foncière représente 10% des terres du royaume, c'est moins qu’en Espagne et qu'en Italie. Le revenu annuel est estimé en 1789 à 150 millions de livres. Cette fortune masque une réalité par rapport au niveau de vie des membres du clergé. En vertu du régime des bénéfices, tout ecclésiastique doit être pourvu d’un revenu annuel provenant des biens d'Eglise qui lui permette d’exercer son ministère.

D’un ecclésiastique à l’autre, le niveau est différent. Les vicaires dans les paroisses, nourris et logis par le curé reçoivent 350 livres par an. La majorité des curés a un revenu entre 600 et 1000 livres par an. Le curé a un revenu égal à celui d’un notable de la petite bourgeoisie d’environ 2000 livres. Il n’est pas rare qu’un bénéfice soit reçu non pas par le détenteur d’une paroisse, mais par un monastère, chapitre ou de l’évêque. 

Il y eu des critiques au 18e siècle, sur les différences trop importantes entre la condition médiocre d’un grand nombre de religieux, par rapport au train de vie fastueux que mènent les prélats. Les évêchés les plus riches reçoivent 100.000 livres par an. Certains évêques cumulent les bénéfices. Parmi les plus riches, il y a l’évêque de Strasbourg qui appartient à la famille de Rohan. La hiérarchie tient compte des revenus attachés aux bénéfices des évêques suffragants, du nombre de cures qui se trouvent dans chaque diocèse.

La cassure entre le Haut et le Bas clergé s’est aggravée tout au long du 18e siècle par le fait que les hautes charges ecclésiastiques tel l’épiscopat sont accaparées par la noblesse alors que le Bas clergé est recruté dans la bourgeoisie et le peuple ce qui entraîne des conséquences graves au débat de la Révolution.

Aussi, sous le règne de Louis XVI, de 1774 à la Révolution, sur 69 nominations d’évêques, 1 seul est noble. Il s’ensuit une insatisfaction certaine des membres du Bas Clergé dans l’ascension de la hiérarchie ecclésiastique qui se trouve bloquée au dessous de la hiérarchie épiscopale.

Sieyès et Talleyrand qui sont contemporains sont nés respectivement en 1778 et 1754. Ils deviennent sans vocation membre du clergé. Inaptes au service militaire, Chateaubriand disait de Talleyrand qu’il était un cheval boiteux, ils ont eu un rôle important à leur époque. Sieyès est l’un des directeurs de la constitution de l’an III qui a fait accéder au pouvoir le général Bonaparte. Tandis qu’on doit à Talleyrand d’avoir proposé la nationalisation des biens du clergé. On le trouvera comme l’un des deux plus grands ministres de Napoléon 1er . Sieyès est mort en 1846 et Talleyrand en 1838.

2.     Les querelles théologiques.

Mêlant les débats de foi et de politique, les affrontements ont affaibli la cohérence du clergé et du pouvoir royal. On distingue alors les gallicans des jansénistes.

a.     Le jansénisme.

Ce courant est né au 17e siècle par rapport à la liberté humaine et à la grâce divine. La question controversé est celle de l’interprétation de la doctrine de Saint Augustin. Dès 1640, il y a une controverse autour d’un ouvrage intitulé l’ “ Augustinus ” écrit par l’évêque d’Ypres : Jansénius et publié en 1640.

Deux groupes se distinguent : les partisans de Jansénius : les jansénistes qui forme un groupe autour de l’abbé de Saint Cycas et de l’abbaye de Port-Royal. Ces jansénistes ont reçu l’appui des parlementaires et de Pascal dont on trouve des traces dans ces “ provinciales ”.

D’un autre côté, il y a les jésuites qui sont à la faculté de théologie de Paris qui a condamnée l’ouvrage de Jansénius et qui reçoit l’appui de Rome 4 ans plus tard. En 1661, l’assemblée du clergé discute de cette controverse idéologique et politique des jansénistes, arrêt du conseil du Roi qui demandera aux moniteurs des écoles et religieux de signer un formulaire pour dire qu’ils appartiennent pas à cette doctrine.

Louis XIV va intervenir de plus en plus dans le jansénisme considérant qu’il est suffisamment grave pour l’unité du royaume, unité affaiblie au moment des troubles de la Fronde. Il prendra la décision d’expulser les pensionnaires de St Sulpice.

Il existe une période d’accalmie pendant le pontificat de Louis IX c’est à dire entre 1669 et 1679, la controverse régnant dans les dernières années du 17ème siècle par la publication d’un nouvel ouvrage janséniste : “ réflexion morale de Quesnel ” publié en 1699. Des affrontements ont lieu entre les jésuites et Quesnel. Louis XIV supprime Port-Royal. La bulle de Clément XI : bulle uniquemitus condamne les 101 propositions résumant l’ouvrage de Quesnel. De nombreux troubles auront lieu après la publication de la bulle. Les parlementaires soutiennent les jansénistes.

Le jansénisme a perturbé la vie de l’Eglise pendant la seconde moitié du 17e et les premières années du 18e en opérant du point de vue de la loi un clivage entre le clergé qui adhère aux thèmes jansénistes. La vision jansénistes est pessimiste. Le jansénisme est rigoriste et met l’accent dans la déchéance foncière de l’homme. L’esprit critique des hiérarchies. Le jansénisme a diffusé dans le Bas clergé les métiers de robe.

b.     Le gallicanisme.

Il évoque les relations entre l’Eglise de France, le Roi de France et le Pape au Moyen Age et à l’époque moderne. Le gallicanisme trouve une origine au 14e siècle lors du conflit entre Philippe le Bel et le Pape Boniface VIII où le Roi de France acquiert l’indépendance de la papauté. La conséquence du conflit sera l’installation du roi à Avignon.

C’est entre 1378 et 1417, lors du grand schisme d’occident que le conflit a rebondit. C’est pendant cette période qu’est intervenu le Roi de France pour régler des conflits entres plusieurs papes se disputant le pouvoir pontifical.

En 1516, le concordat de Bologne entre François 1er et Léon IX a régit les relations entre le Roi et la papauté. Ce texte a fixé le régime de nominations aux bénéfices ecclésiastiques jusque la fin de l’Ancien Régime. Le principe est que pour tous les bénéfices majeurs, notamment la nomination de évêques, le Roi présente un candidat et le Pape peut lui donner s’il le souhaite, l’institution canonique qui est le pouvoir spirituel pour exercer une charge. Pour les bénéfices mineurs, telle la nomination des curés de paroisses, c’est l’évêque qui nomme directement. Ce système sera appliqué jusqu'à la Révolution.

Les doctrines anglicanes qui affirment l’indépendance du Roi à l’égard du Pape ont connu un nouvel essor à la fin du 16e siècle après l’assassinat d’Henri IV. En vertu des lois fondamentales de l’époque, les lois saliques, le successeur légitime s’est trouvé être Henri de Navarre qui était l’un des chefs du parti protestant. Dès lors naissent de nouveaux conflits puisque le Pape intervient contre lui. Cela va expliquer l’apparition de divers ouvrages anglicans affirmant l’indépendance de la royauté française vis à vis de la papauté. Le conflit ne se réglera qu’au bout de 4 ans de guerre civile et l’abjuration d’Henri IV qui sera sacré.

Lors du règne de Louis XIV, les tensions se sont développées notamment à propos de l’affaire de la régale de 1673 à 1693 qui a conduit la France au bord du schisme religieux. Sous l’ancien régime, ce droit de régale est un droit de la couronne, il permettait au roi de percevoir les revenus d’un évêchés pendant la vacance du siège épiscopal. Ce droit n’existant pas dans toute la France il a voulu dans un édit de 1673 le généraliser à tout le pays.

De nombreux évêques ont protestés et ont été soutenus par le Pape car ils étaient en général des jansénistes. Alors en 1682, l’assemblée du clergé a discuté de la question et a adopté “ la déclaration des 4 articles ”, édit sur la réaffirmation des principes. Elle est considérée comme la charte du gallicanisme, elle résume toute son histoire :

Le gallicanisme politique : la déclaration affirme nettement l’indépendance du Roi à l’égard de Rome et rappelle que le Roi tient son pouvoir de Dieu grâce à la cérémonie du sacre ; cela condamnant la théorie de la théocratie pontificale, on a deux conséquences : le Roi ne peut être déposé par le Pape et les sujets ne peuvent être déliés de la fidélité qu’ils doivent au Roi par le Pape.

Du gallicanisme politique relève aussi l’idée que le Roi contrôle la discipline ecclésiastique c’est à dire notamment que les évêques en assemblées, les conseils, ne peuvent se réunir en France sans l’autorisation du Roi. Ainsi les principales décisions du concile de Fente n’ont pu s’appliquer en France que dans la mesure où elles ont été reprises par une ordonnance royale ; l’ordonnance de Blois de 1579 a repris les décisions sur le mariage.

Mais le roi intervient aussi de plus en plus dans les questions religieuses.

Le gallicanisme religieux : Le texte affirme la plénitude de principe de la puissance du Pape, mais il rappelle aussi que les conciles généraux sont supérieurs au Pape , c’est la théorie du concilianisme sur l’indépendance du clergé en France. Le pape doit respecter les libertés gallicanes. Ainsi, la procédure de l’appel comme d’abus, c’est la possibilité pour un plaideur de faire appel au parlement chaque fois qu’une autorité ecclésiastique peut être accusée d’avoir outrepassé ses pouvoirs. Cette déclaration a entraîné des déclarations hostiles. Ainsi Innocent XI a systématiquement refusé de donner l’institution canonique à tous les évêques ayant signé le texte.

Louis XIV révoque l’édit de Nantes et durcit ses positions à l’égard des protestants donc les négociations échouent et en 1688, le Roi fait rédiger par le procureur général du Parlement de Paris , un acte solennel d’appel au concile général pour tenter de résoudre la question. En fait c’est à la mort du Pape en 1689 qu’ils  vont pouvoir reprendre les négociations avec Innocent XII.

On arrive finalement à un accord dès 1693, selon lequel les évêques signataires de la “ déclaration des 4 articles ” doivent déclarer qu’ils n’ont pas eu l’intention de décider sur l’autorité du Pape et Louis XIV lui écrit disant que des ordres seront donnés afin que l’édit 1682 ne soit pas appliqué. En contrepartie, le Pape accorde l’institution canonique de tous les évêques qui en étaient dépourvus depuis 1682. L’assemblée du clergé de 1682 et la “ déclaration des 4 articles ” sont en réalité dominés par l’un des grands évêques de l’époque : Bossuet. Après 1693, il y a un certain effacement du gallicanisme royal mais les opinions gallicanes sont surtout exprimées par des juristes tel d’Aguesseau et Durand de Maillave.

Enfin il faut considérer le statut des congrégations sous l’angle du gallicanisme. En France, l’institution comme la suppression d’un ordre religieux est subordonné à l’autorisation royale. Ainsi, par exemple, la congrégation des jésuites a été autorisée en France en 1606, mais par la suite, au milieu du 18e, le parlement de Paris a voulu obtenir en suppression. Ce tout d’abord parce que les parlements sont généralement jansénistes et que les jésuites étaient considérés comme les ennemis.

Au 18e siècle, les jésuites vont être attaqués comme partisans de l’ultramontanisme, trop soucieux de l’autorité pontificale, et seront aussi accusés d’être hostiles aux idées nouvelles en général. Cela a donc conduit les parlementaires à rêver d’une guerre contre les jésuites et l’ordre sera supprimé en France en 1764. Cela posera de nombreux problèmes et notamment au niveau de l’enseignement puisque beaucoup de collèges ont été privés de leurs professeurs.

En vertu des théories générales et afin de tenir compte de la baisse des vocations religieuses, une commission dite des réguliers s’est réunie en 1766 et après avoir consulté les évêques, elle a décidé de la suppression de nombreux monastères. La constitution civile du clergé adoptée en 1790 peut être considérée comme le développement ultime du gallicanisme. En 1790, le gallicanisme va encore plus loin qu’une simple indépendance de la France et du clergé à l’égard du Pape et proclame la coupure clergé français par rapport au Pape.

3.     La distinction entre le clergé régulier et le clergé séculier.

A la fin de l’Ancien Régime on compte environ 130.000 membres du clergé divisé de façon à peu près égale en régulier et séculier.

Le clergé régulier est celui dont les membres sont soumis à une règle et qui vivent de façon communautaire. Il y a tout d’abord les moines et les religieux de vie contemplative tels les Bénédictins ou les Carmélites. On y trouve aussi les religieux de vie mixte qui rêvent d’une vie à la fois contemplative et apostolique comme les membres des ordres dits mendiants.

Ce clergé régulier possède ses propres autorités hiérarchiques : les abbés chefs d’ordres, les abbés des monastères, les supérieurs des maisons religieuses.

Le clergé séculier est celui qui vit dans le siècle, il n’est pas astreint à une vie communautaire, c’est surtout un clergé paroissial, dirigé par un curé qui a autorité sur ses vicaires. Ce clergé est placé dans chaque diocèse sous l’autorité de l’évêque. Au 18e siècle, on a assister à une baisse assez forte des effectifs du clergé notamment dès 1760. Les raisons sont diverses et concernent la qualité des vocations, l’impact de la propagande philosophique et antireligieuse.

Cette baisse sera beaucoup plus nette dans le clergé régulier et notamment dans les ordres contemplatifs. Le 18e est un siècle peu mystique, y compris en matière religieuse ; il y a l’impact d’une recherche utilitaire, on comprend mal que les clercs vivent cloîtrés et se contentent de prier. Par contre, on a une augmentation de tous les ordres concernant le social.